CHERTE DE LA VIE ET BAISSE DU POUVOIRD’ACHAT DE LA POPULATION : LES EXPLICATIONSDE L’ODEP « JUILLET 2023 »

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II. QUELLE ANALYSE FAISONS-NOUS DE CES CHIFFRES SUR LA CHERTE
DE LA VIE ET LA BAISSE DU POUVOIR D’ACHAT DES CONGOLAIS ?
Cette enquête a été faite pour faire comprendre au congolais de ne pas croire aux mensonges de
ceux qui nous disent que la détérioration du pouvoir d’achat de tous les congolais est liée à la guerre
entre l’Ukraine et la Russie.
La cause c’est nous-même congolais. Nous ne produisons pas assez nous-même pour notre
consommation, pour notre sécurité alimentaire. N’oublions pas que les Etats Unis, la Chine, l’Union
Européenne, sont d’abord et avant tout des grandes puissances agricoles et puis industrielles après.
Quelles sont nos difficultés actuelles qui freinent la production agricole et industrielle dans notre
pays pour ne prendre que ces deux secteurs comme exemple.
2.1 De l’inspiration théorique des politiques publiques de la RDC depuis 63 années.
Dans la théorie économique du développement, depuis plusieurs décennies, il est possible de dresser
un tableau en présentant un clivage fondamental autour de deux principales écoles :

  1. Pour le premier courant de pensée, le sous-développement n’existe pas en théorie. Il est un
    simple retard dans la croissance naturelle d’une société, retard qui peut être comblé par une
    politique de rattrapage. La simplicité des thèses défendues par ce courant que nous qualifions
    de « libéral », explique leur très grande diffusion, aussi bien dans les milieux universitaires
    qu’auprès des instances de décision (organisations internationales).
  2. Pour le second courant de pensée, le sous-développement est le produit historique du
    développement d’un nombre restreint d’économies, aujourd’hui dominantes. Cet état a
    tendance à se perpétuer par l’interaction de la dépendance externe et la dynamique des
    transformations sociétales du tiers-mode. Ce courant d’inspiration, d’abord humaniste, s’est
    nettement radicalisé avec l’exaltation du tiers-mondisme dans les années soixante. C’est le
    courant radical
    A cause de la domination néo-coloniale depuis 63 ans, c’est le courant libéral qui a été imposé
    auprès de la classe régnante congolaise soutenu par la cellule d’économie publique de l’université
    de Lovanium sous la conduite des universitaires belges depuis les années 60.
    Selon ce courant, les pays du tiers monde néo colonisés doivent se plier à une division internationale
    du travail qui leur est imposée.
    Ils doivent se spécialiser dans le respect des dotations des facteurs d’où la nécessité du commerce
    international.
    Le produit le plus représentatif de la doctrine néo-classique du commerce international est le
    théorème H.O.S. (Hershsher – Oklin – Samuelson). Il se résume dans la nécessité de l’échange
    international dû à la différence en dotation des facteurs entre les nations.
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    La croissance transmise par l’échange de marchandises.
    Les libéraux affirment que la libre circulation internationale des marchandises conduit à des résultats
    optimaux pour tous les pays échangistes, et cela quelles que soient les différences de départ dans les
    propositions capital/travail. En effet, pour un pays donné, les échanges s’accroissant et la production
    nationale augmentant, les coûts faibles du facteur relativement abondant seront poussés vers la
    hausse puisque le facteur deviendra de plus en plus rare. L’avantage relatif initial s’estompera
    progressivement parce que les marchés nationaux des facteurs de production vont s’adapter
    mécaniquement aux conditions du marché international des produits.
    La spéculation internationale devrait non seulement susciter l’accroissement généralisé des revenus
    mondiaux, mais créer partout les mêmes conditions et les mêmes chances de développement, en
    raison de la tendance à long terme à l’égalisation du prix des facteurs (salaires et profits).
    La croissance transmise par les mouvements de capitaux
    La comptabilité de la croissance et sa transmission externe ont été envisagées par Cairncros (1962)1
    à partir des mouvements internationaux de capitaux reliant économies avancées et économies
    attardées.
    Puisque le développement suppose du capital-argent, il sera facilité par les apports des premières
    vers les secondes. L’auteur propose alors quatre étapes dans la croissance transmise : pays
    nouvellement emprunter – emprunteur évolué – nouvellement prêteur – prêteur évolué.
    Cette analyse a ouvert la voie à une littérature très abondante sur l’aide internationale et la capacité
    d’absorption interne. Une critique radicale de ces politiques, simple coup d’épée dans l’eau, sera
    faite un peu plus tard par T. Mende (1972) et bien d’autres, servant en réalité à justifier le bienfondé des politiques d’assistance financière.2
    La thèse néo-classique, optimise par nature puisqu’elle permet à tout pays jeune de devenir un jour
    rentier, repose sur la conviction naïve qu’il n’y a pas d’opposition d’intérêts dans le système
    mondiale, mais que ce sont les pays devenus les plus puissants qui garantissent les progrès des autres
    dans une totale harmonie.
    C’est sans conteste oublier de s’interroger sur la façon dont s’est construite la puissance des nantis.
    La dérive des secteurs
    La vision moderne de la croissance transmise a été proposée par un spécialiste de la firme
    multinationale R. Vernon (1966)3
    , auteur de « La dérive des secteurs industriels des pays riches (en
    capacité d’innovation, en revenus, en débouchés) vers les pays les moins riches ». Cette
    délocalisation d’activités obéirait au cycle international du nouveau produit, en vertu duquel un
    nouveau produit chasse l’ancien sur un marché donné, mais que ce dernier trouve une nouvelle

1 CAIRNCROSS A.K. : Factors in economic developpement, Allen and Univin, London, 1962
2 HADLER J., Absorptive capacity : the concept and its determinants, Brookings institution, Staff, papper, 1965
GUILLAUMONT P. L’absorption de capital, Cujas, Paris, 1971
MENDE T., De l’aide à la recolonisation, les leçons d’un échec, Le Seuil, Paris, 1972
3 VERNON R. : International trade and economic developpement, Clarendon Press, Oxford, 1966
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jeunesse sur les marchés étrangers, sujets avec retard aux effets de démonstration. Le pays riche, en
l’occurrence les Etats-Unis, abandonne ses unités de production en fin de croissance, celles-ci
venant d’abord s’implanter en Europe, puis dans le tiers-monde, selon un schéma en escalier.
Selon R. Vernon, une telle délocalisation permet une redistribution perpétuelle des activités
industrielles du nord vers le sud, mais les capacités technologiques d’innovation reste toujours fixées
dans le pays à l’origine du processus.
On peut se demander si la théorie du développement ne donne pas elle-même une illustration du
cycle du produit nouveau. Les données empiriques sont souvent intégrées dans des problématiques
théoriques déjà élaborées pour d’autres fins que la connaissance particulière de la réalité du sousdéveloppement. Ces problématiques ayant servi pour l’analyse des économies développées, sont en
quelque sorte réinvesties dans l’analyse du sous-développement, comme des outils usés ou obsolètes
mais encore satisfaisants pour les pays attardés.
Il est donc facile à comprendre pourquoi l’extraversion de notre économie demeure depuis 63 ans.
2.2 Quelles sont les conséquences de ce choix de demeurer dans l’extraversion sur les
principaux secteurs productifs de notre pays ?
2.2.1 La situation du secteur agricole
1°) L’extraversion de l’économie congolaise
Notre économie continue depuis 63 ans repose sur le secteur exportateur (mines et agriculture de
rente) et est dépendante de l’extérieur par la contribution de ce secteur au PIB, les revenus
d’exportation, l’importance du capital étranger investi et la technologie étrangère utilisée. Les
produits miniers sont restés irrémédiablement pour la RDC :

  • La base de son économie ;
  • La source principale de ses recettes en devises ;
  • La source de financement et d’approvisionnement du pays en matière première, bien de
    premières nécessités et d’équipements.
  • La garantie de son endettement extérieur et du service de la dette.
  • La source la plus importante de ses recettes publiques
    Dans une telle situation notre économique est très vulnérable. La détérioration des termes de
    l’échange et la chute des cours des produits primaires exportés par notre pays peut bloquer toute
    l’économie.
    2°) Situation actuelle de l’agriculture

La situation de sécurité alimentaire en RDC indique que 80 % de population vivent en dessous du
seuil de pauvreté, soit avec une consommation de moins de 2300 Kcal et 76 g de protéines, ou 1.25
$ par personne et par jour. Le déficit alimentaire le plus important concerne : le riz, le maïs, le sucre
et la viande.
En milieu rural, le revenu annuel par habitant est très bas. Le système traditionnel est peu productif
et l’augmentation de la production est obtenue par la consommation d’espaces supplémentaires.

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Les rendements moyens des principales cultures vivrières obtenus dans ce système sont très bas :
0,5 à 0,8 T/ha pour les céréales et les légumineuses, 3,7 T/ha pour la banane, 7 T/ha pour le manioc,
1,4 T/ha pour l’huile de palme.
Ces faibles productivités sont le résultat des pratiques culturales inadaptées, de l’absence
d’intégration entre l’agriculture et l’élevage ainsi que du manque de relation fonctionnelles entre la
recherche et les producteurs.
3°) La place du secteur agricole
Ce secteur s’est maintenu dans un rôle d’accompagnement d’autres secteurs, c’est ce qui l’a plongé
dans une crise chronique qui s’est traduite par l’insuffisance de la production alimentaire,
l’insuffisance de l’approvisionnement industriel d’origine agricole et la chute de la production
agricole exportée.
Les principales contraintes et problèmes non résolus durant les années de direction de l’Etat néocolonial sont les suivants :
Sur le plan économique, il faut noter :

  • La détérioration des termes de l’échange des produits agricoles exportés ;
  • La réduction du pouvoir d’achat des populations conduisant à un rétrécissement de la demande
    solvable ;
  • La localisation inadéquate de la production par rapport aux centres de consommation
    entraînant des besoins de transports aériens, des prix rendus consommateurs élevés par la
    multiplication des ruptures de charges et des intermédiaires ;
  • La dépréciation des infrastructures et l’insuffisance des moyens de transport, et surtout, la
    dispersion de la production ;
  • La baisse de la production de l’agro-industrie consommatrice des produits agricoles.
    Sur le plan institutionnel, il faut noter :
  • La croissance des fonctions bureautiques au détriment de l’appui technique, la multiplication
    des mécanismes fiscaux, l’absence de politiques cohérentes d’encadrement, de formation et
    de recherche, les expériences successives d’étatisation et de libéralisation qui ont désorganisé
    la production et la commercialisation, l’absence de données statistiques, la mauvaise
    utilisation des ressources et le manque de concordance entre la période de déblocage des fonds
    et le calendrier agricole etc.
  • Au niveau des institutions financières, la lourdeur administrative, les longs délais de mise en
    place des prêts, les taux d’intérêts non adaptés à la faible rentabilité des équipements, les
    conditions sévères d’accès au crédit, le manque d’organismes spécialisés pour l’agriculture
    paysanne ;
  • Au niveau des aides extérieures, le manque de coordination et la mauvaise définition des
    priorités.
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    Sur le plan technique, il faut noter :
  • En milieu rural, l’insuffisance de coopératives, le niveau de formation insuffisant, la
    dimension réduite des exploitations, le manque d’outils et de moyens de préparation des sols,
    les difficultés de commercialisation et de stockage, l’absence d’intrants, une main d’œuvre
    essentiellement féminine, un faible rendement à l’hectare ;
  • Au niveau des exploitations dites modernes et de l’agro-industrie, l’absence
    d’investissements, l’abandon des plantations, l’absence de cadres intermédiaires formés aux
    techniques modernes, l’inorganisation de la profession, la vétusté et le vieillissement des
    équipements, la mauvaise gestion
  • Au niveau des intermédiaires, l’insuffisance des moyens de transports, des prix non stimulants
    pour les agriculteurs, les abus des acheteurs en position de monopole.
    En conclusion, à qui la faute ? aux colonisateurs ? pourquoi le secteur agricole et rural qui occupe
    la grande majorité de la population est toujours dans un tel état ??
    2.2.2 La situation du secteur industriel
    C’est d’abord en termes de modèle économique et de politique industrielle inadaptée qu’il faut
    aborder le diagnostic de ce secteur.
    L’import substitution c’est là la principale orientation de l’industrie congolaise qui est très
    consommatrice de devises, notamment pour importer des biens d’équipement, assurer le transfert
    des dividendes et des rémunérations des cadres expatriés ainsi que les importations des matières
    premières et d’intrants divers.
    Sur ce sujet, il faut noter d’abord que tous les produits que nous importons ne nous sont pas utiles,
    sachant que bon nombre d’entre eux nous avaient été imposés par la colonisation. Certains de ces
    produits sont par ailleurs de véritables véhicules de la domination culturelle étrangère, que l’on
    perpétue en acceptant de les fabriquer et de continuer à les consommer : pain, alcool, bière, etc.
    L’industrie n’est pas mise au service de l’agriculture. On ne connait pas la production des PME et
    de l’artisanat en amont du secteur agricole. Aucun encouragement n’existe pour ce type d’entreprise
    qui aurait pu trouver leur place en milieu rural et contribuer à dynamiser le secteur agricole en créant
    des emplois afin de lutter contre l’exode rural.
    Voici la synthèse des contraintes organisationnelles que ce secteur rencontre :
    Le cadre institutionnel
    Les diverses interventions de l’Etat dans le secteur industriel relèvent des divers départements et
    organismes mal coordonnés entre eux. Ces diverses structures sont sans moyens humains et
    financiers correspondant à leurs responsabilités. Ils engagent des actions fragmentaires, sans
    chercher vraiment à œuvrer en faveur d’une solution aux problèmes structurels du secteur.
    Les sources de financement de l’industrie sont quasi inexistantes.
  • Les programmes d’enseignement supérieur non adaptés aux besoins du pays ont besoin des
    créateurs et des promoteurs nationaux d’entreprises ;
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  • Les mauvaises liaisons de télécommunication, le mauvais état du réseau routier, de même
    que les nombreuses déficiences du système de transport faisant supporter à l’industrie des
    coûts élevés en raison des délais d’acheminement, de la fréquence des pertes, des vols et des
    détériorations ;
  • Une mauvaise politique énergétique laissant subsister des déséquilibres entre la production
    et la distribution de l’énergie ;
  • Le manque de soutien aux entreprises créées et gérées par les congolais ;
  • La concentration de l’administration économique dans la capitale défavorisant les
    entreprises localisées à l’intérieur du pays ;
  • Une agriculture ne produisant pas assez pour les besoins de l’agro-industrie ;
  • Le marché intérieur congolais est resté très étroit faute d’un transfert d’une bonne partie du
    surplus économique en direction du monde rural où il fallait créer des revenus afin d’étendre
    le marché du secteur industriel ;
  • La concentration des activités industrielles à Kinshasa, Katanga et le Bas-Congo.
    Les conséquences de ces structures économiques pour le pays et pour le peuple
  • Une disparité trop grande les revenus et les salaires ;
  • Une étroitesse du marché de consommation locale indispensable à l’industrialisation du pays
    et à son développement global ;
  • Des graves problèmes sociaux : Exode rural des jeunes et vieillissement des campagnes,
    urbanisation insuffisante, insuffisance également de services sociaux, chômage, sousemploi, malnutrition, logement insalubres, maladies endémiques, etc. ;
  • Concentration de la croissance dans quelques secteurs non prioritaires au détriment des
    secteurs primaires et secondaires ;
  • Dépendance financière et technologique de l’extérieur en raison du rôle important laissé à
    l’investissement étranger dans l’exploitation des ressources naturelles destinées aux marchés
    extérieurs et dans les infrastructures d’appui à cette exploitation ;
  • L’exportation des capitaux par l’importation des matières premières et des biens
    d’équipement, le service de la dette et le transfert des profits aboutissant en définitive à des
    sorties nettes de capitaux.
    Quels enseignements tirer de cet héritage d’une industrialisation basée sur l’extraversion et
    la dépendance ?
    L’échec du système néo-colonial est d’abord celui d’un modèle économique politiquement choisi
    par les différents régimes qui se sont succédé au Congo depuis 63 ans.
    a) Au Congo, le secteur productif capitalise est orienté presque exclusivement vers les grandes
    plantations agricoles, les productions minières et énergétiques destinées au marché mondial.
    La règle dite de l’avantage comparatif n’a fait que contribuer à accentuer la spécialisation
    stricte de notre pays dans ces productions. Le flux d’exportation de ces productions obéissent
    en même temps à la loi de l’échange inégal, c’est-à-dire, qu’il s’accompagnait d’un transfert
    de valeur dû au fait que les prix de productions des marchandises venant de chez nous sont
    inférieurs à leur valeur réelle.
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    b) La classe régnante en RDC depuis 63 ans s’est toujours préoccupé de rechercher les capitaux
    à l’étranger, si nous totalisons le coût des voyages à l’étranger de notre Président actuel
    depuis janvier 2019 à ce jour, ce n’est pas moins de cent millions de dollars, pour aller
    chercher des investisseurs étrangers. L’arrivée de ces derniers et leur installation, se traduit
    presque exclusivement par un accroissement de la masse des profits, l’emploi étant élastique
    pour le taux de salaire de base.
    La masse de profits est distribuée entre la caste au pouvoir, les intermédiaires commerciaux
    et les détenteurs du capital qui en rapatrient une partie substantielle.
    c) Les bénéficiaires locaux du profit, loin d’accumuler productivement, l’amoncèlent ou le
    consomment sous la forme d’achats de biens de luxe importés. Le salaire est resté faible ; le
    faible emploi créé ne peut constituer un élément générateur de la demande solvable.
    III. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
    3.1. Quelle inspiration théorique aiderait une construction pertinente des politiques de
    développement ?? C’est le courant radical.
    Pour ce courant de pensée, le sous-développement est le produit historique du développement d’un
    nombre restreint d’économies, aujourd’hui dominantes. Cet état a tendance à se perpétuer par
    l’interaction de la dépendance externe et la dynamique des transformations sociétales du tiers-mode.
    Ce courant d’inspiration, d’abord humaniste, s’est nettement radicalisé avec l’exaltation du tiersmondisme dans les années soixante. C’est le courant radical
    Pour ce courant de pensée, le sous-développement est un processus de dépendance et de
    désintégration des structures. Ses indicateurs sont la pauvreté absolue, les multiples déséquilibres et
    inégalités, se traduisant sur le plan :
  • Politique : par l’oppression externe et interne
  • Economique : par l’exploitation impérialiste
  • Culturel : par l’aliénation.
    Pour ce courant de pensée économique, le développement consiste en l’éradication de la pauvreté
    absolue, la satisfaction des besoins fondamentaux, l’intégration, la libération, la redistribution, la
    décentralisation du pouvoir, etc.
    3.2 Construire une économie endogène pour gagner le combat de la 2ème indépendance
    Comment une économie autocentrée est-elle articulée ?
    Dans une telle économie, il existe une relation d’équilibre de croissance entre le flux intersectoriel
    au niveau de la production, des échanges et de la répartition du revenu global entre le capital et le
    travail, c’est-à-dire la demande solvable qui va vers chaque secteur. Le surplus économique reste
    sur place et détermine justement la répartition du revenu global. Le salaire va vers le secteur de
    production de biens de consommation de masse, les profits sont épargnés ou réinvestis. Le salaire a
    une fonction économique, il n’est pas qu’un coût de production, il y a une relation objective entre
    le salaire et le niveau de développement des forces productives.
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    Les relations externes économiques et/ou politiques sont soumises aux exigences de l’accumulation
    intérieure. Il existe une alliance des classes entre une bourgeoisie industrielle et agricole qui sont
    une classe dominante, dans le cadre d’un Etat national achevé et puissant.
    Les structures économiques héritées de 63 années de néocolonialisme sont différemment
    construites : le capitalisme a été introduit de l’extérieur par domination politique. Il n’y a pas eu de
    désagrégation des rapports ruraux précapitalistes, mais leur déformation par soumission aux lois de
    l’accumulation du centre. Pas de révolution agraire, stagnation de la production agricole.
    Pas l’alliance des classes dominantes internes, mais une alliance internationale entre le grand capital
    monopoliste et des alliés subalternes. Pas d’Etat national réellement achevé, indépendant, au service
    des classes locales, mais une néo-colonie. Le salaire n’est qu’un coût qui est maintenu aussi bas que
    les conditions économiques et politiques le permettent.
    Comment construire le développement endogène ?
    Ayant défini au départ les objectifs d’une telle voie, nous devrons nous interroger sur les directions
    dans lesquelles il faudra agir sur l’ordre mondial afin de favoriser la réalisation de ces objectifs.
  1. Ce développement est avant tout populaire, donc national
  2. L’industrie doit être mise au service de la productivité agricole
  3. Il faut abandonner la production de luxe pour le marché local et à l’exportation fondée sur
    la reproduction d’une force de travail bon marché (mieux servir les masses urbaines)
  4. N’ayant pas réalisé une révolution agraire préalable à la révolution industrielle, nous devrons
    renverser la valeur, c’est-à-dire que nous devrons articuler un secteur moderne de l’industrie
    rénovée dans ses orientations de base, au secteur des petites industries rurales qui permettent
    de mobiliser directement les forces latentes de progrès ;
  5. Seule une révolution dans le secteur agricole pourra financer une industrialisation saine,
    dégager un surplus vivrier capable d’assurer l’indépendance nationale ;
  6. L’industrie doit être mise au service des masses urbaines et rurales pauvres et cesser d’être
    guider par la logique financière qui favorise le marché local privilégié et l’exportation vers
    le centre ;
  7. Les emprunts éventuels à la technologie dont des modèles nouveaux devront être imaginés
    seront fait en fonction des besoins internes du développement populaire ;
  8. Le développement endogène, même s’il exige de compter d’abord sur ses propres forces,
    n’a rien à voir avec l’autarcie. Le pays se doit de recourir à l’importation des inputs
    nécessaires à l’accélération de son développement (équipement, énergie, certaines matières
    premières). Les échanges avec les occidentaux restent nécessaires mais doivent être
    qualitatifs.
  9. Il va falloir développer l’autonomie collective avec les pays de l’Afrique, l’Amérique Latine,
    l’Asie, le Moyen orient en agissant dans deux directions :
    a) L’entraide mutuelle (échange des matières premières, en évitant plusieurs
    intermédiaires)
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    b) Contrôle national de l’exploitation des ressources naturelles. Les exportations doivent
    être réduites au niveau des importations exigées par la stratégie interne du
    développement endogène.
    Actuellement, on exporte en fonction des besoins du centre et puis on se pose la question
    de savoir quoi faire avec les devises.
    Pour l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP)
    Florimond MUTEBA TSHITENGE
    Président du Conseil d’Administration
    Contact :
    (+243) 897580434
    823007510

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