RAPPEL SUR LA VISION DU DEVELOPPEMENT A SUIVRE 0.1 La République Démocratique du Congo un pays aux structures économiques primaires, extraverties Bientôt 63 ans que notre pays est théoriquement indépendant. Mais c’est depuis 1885 que notre économie continue à être désespérément extravertie et est dépendante de l’extérieur par la contribution de ce secteur au PIB, les revenus d’exportation, l’importance du capital étranger investi et la technologie étrangère utilisée. Les produits miniers sont restés irrémédiablement pour la RDC :
La base de son économie
La source de financement et d’approvisionnement du pays en matière première, bien de premières nécessités et d’équipements.
La garantie de son endettement extérieur et du service de la dette.
La source la plus importante de ses recettes publiques Dans une telle situation notre économique est très vulnérable. La détérioration des termes de l’échange et la chute des cours des produits primaires exportés par notre pays peut bloquer toute l’économie. C’est cela le néo-colonialisme entretenu par les dirigeants successifs qui se sont succédé à la tête du Congo depuis 63 ans. Mais que dis-je plus de 63, 150 ans de colonialisme et de néo-colonialisme qui date de 1885. Nous sommes partis de l’esclavage de Léopold II au colonialisme de la Belgique et enfin au néo-colonialisme qui dure depuis 63 ans. 0.2 Les conséquences de cette extraversion pour le pays et pour son peuple Une disparité trop grande entre les revenus et les salaires ; Une étroitesse du marché de consommation locale indispensable à l’industrialisation du pays et à son développement global ; Des graves problèmes sociaux : exode rural des jeunes et vieillissement des campagnes, urbanisation insuffisante, insuffisance également de services sociaux, chômage, sous-emploi, malnutrition, logements insalubres, maladies endémiques, etc. Concentration de la croissance dans quelques secteurs non prioritaires au détriment des secteurs primaires et secondaires pro-pauvres ; Dépendance financière et technologique de l’extérieur en raison du rôle important laissé à l’investissement étranger dans l’exploitation des ressources naturelles destinées aux marchés extérieurs et dans les infrastructures d’appui à cette exploitation. 0.3 L’exigence d’une construction économique endogène, autocentrée, autodéterminée est incontournable : les grandes orientations Opter pour un développement endogène, c’est faire en sorte que celui-ci réponde à des valeurs communes, à une inspiration cohérente, à des espoirs et des besoins partagés, où se reconnait l’ensemble de la collectivité nationale, et qu’il puisse mobiliser ses volontés, ses énergies, ses imaginations rassemblées. C’est au regard de cette exigence que nous pourrons envisager le processus de modernisation et la maîtrise du savoir-faire modernes. Ce développement n’aura de sens que s’il renforce et fortifie la créativité sociale, il ne pourra réussir que s’il est assumé par des populations pleinement conscientes de sa nécessité, aptes à agir et décidées à le faire. Cela veut dire qu’il faudra parier sur l’homme et ses possibilités, 2 lui donner des raisons de vouloir aller de l’avant, de moduler les innovations technologiques, sociales, politiques, culturelles de sorte qu’elles soient à chaque étape, assumées par la population elle-même et vécue par elle comme un dépassement créateur et bénéfique. 0.4 La priorité accordée à la coopération sud-sud Le développement endogène, même s’il exige de compter d’abord sur ses propres forces, n’a rien à voir avec l’autarcie. Le pays se doit de recourir à l’importation des inputs nécessaires à l’accélération de son développement (équipement, énergie, certaines matières premières). Les échanges avec les occidentaux restent nécessaires mais doivent être qualitatifs. Il va falloir développer l’autonomie collective avec les pays de l’Afrique, l’Amérique Latine, l’Asie, le moyen orient en agissant dans deux directions : 1) L’entraide mutuelle (échange des matières premières, en évitant plusieurs intermédiaires) 2) Contrôle national de l’exploitation des ressources naturelles. Les exportations doivent être réduites au niveau des importations exigées par la stratégie interne du développement endogène. Actuellement, on exporte en fonction des besoins du centre et puis on se pose la question de savoir quoi faire avec les devises. I. LA COOPERATION AU DEVELOPPEMENT : LES PRINCIPES ET PRATIQUES A RETENIR 1.1 La communauté internationale et le soutien à la voie de développement endogène de la RDC : les principes à retenir
La communauté internationale, doit encourager le moindre effort d’ouverture allant dans le sens de favoriser le débat, la tolérance, la décentralisation des processus de développement, la participation active des populations et de leurs organisations à la formulation de stratégies de développement. La liberté de la presse actuelle doit être encouragée et soutenue. La diffusion large des journaux est très nécessaire, les articles écrits en langues locales etc. tout cela doit être soutenu.
Les programmes d’assistance techniques doivent être orientés vers le renforcement des capacités locales en matières d’analyse politique, la conception et l’exécution de programmes de reformes et de développement économiques ; l’évaluation des politiques publiques ;
Soutenir l’inversion du flux des ressources financières du Congo vers les institutions financières et les pays donateurs, et utiliser ces ressources à des fins de développement et au profit des populations afin de dégager des ressources pour le développement participatif ;
Concernant la dette et ses obligations au titre du service de la dette, il faudra les effacer totalement afin de libérer des ressources pour financier le développement et la transformation sociale sur une base participative ; 3
Placer la dimension humaine au centre des programmes d’appui au redressement économique du Congo. Ces programmes devront être élaborés avec le concours de forces vives congolaises dans le cadre d’un programme de reconstruction nationale ;
Aider les ONG et Syndicats locaux dans leurs activités de formation, la constitution de réseaux, la documentation et une large diffusion de leurs données d’expérience. 1.2 Le rôle des ONGs Internationales : les principes à retenir Les ONGs étrangères quand elles peuvent travailler dans la transparence et la loyauté vis-àvis du pays d’accueil, la République Démocratique du Congo, ont un rôle non négligeable à jouer, pour appuyer les efforts de reconstruction notamment les initiatives et les structures visant la participation populaire. Ces ONGs animées des sentiments de véritable solidarité pour la RDC et il y en a, devront :
Etre elles-mêmes des structures non fantaisistes, démocratiques dans leur mode d’organisation et de fonctionnement et responsables ;
Elles doivent être capables de diffuser davantage les expériences réussies de participation populaire et procéder à un échange de données d’expériences pour créer un effet multiplicateur ;
Les ONG non congolaises devraient accroître leur appui en axant leurs opérations dans le cadre de stratégies économiques et de programmes de réformes nationales, visant à combattre l’extraversion de l’économie congolaise et à intérioriser le processus d’un développement durable, en mettant particulièrement l’accent sur la dimension humaine et la participation populaire. Ces ONG devraient utiliser, au maximum, les compétences locales pour ce qui est de leurs activités de développement au Congo. Ces ONG en collaboration avec les ONG congolaises devraient sensibiliser davantage l’opinion publique internationale aux causes réelles de la crise congolaise et aux mesures à prendre pour s’attaquer à des causes profondes. Ces ONG étrangères doivent reconnaitre que leur influence en tant que donateurs empêche souvent un véritable partenariat entre elles et les populations locales et entrave l’instauration d’un climat propice à la participation populaire, d’où la nécessité d’une coopération transparente qui reflète les priorités locales. Certaines de ces ONG étrangères sont totalement dépendantes des appuis financiers de leurs gouvernements. Elles ne sont donc pas un modèle d’indépendance pour leurs partenaires congolais qui en très grande majorité ne sont pas financées par leurs gouvernements et sont contraintes de vivre dans les rapports d’esclaves à maîtres avec leurs partenaires étrangers qui exercent des chantages permanents sur elles et cherchent à leur dicter en permanence les positions à prendre parfois dans les domaines divers contraires aux intérêts fondamentaux de leurs propres pays la RDC. Elles apparaissent comme des courois de transmission des politiques publiques de leurs pays et véhiculent les mêmes rapports de dominations néocoloniales envers leurs partenaires locaux que leurs gouvernements envers la RDC. 4 Le Gouvernement congolais doit comprendre que les Fonds utilisés par les agences et ONGs étrangères et les Ambassades occidentales pour s’asservir la société civile congolaise proviennent des trésors publics des puissances mondiales. Le gouvernement congolais doit se faire un point d’honneur de libérer la société civile congolaise de l’esclavage et des chantages des ONGs étrangères. Il doit créer une Agence nationale dotée d’un fond pour prendre en charge plusieurs ONGs : Appui institutionnel, financement des projets, etc. Le Congo dispose des grandes structures citoyennes qui sont devenues un patrimoine national, une fierté pour la RDC et le continent africain, elles ne peuvent pas être à l’esclavage et à l’humiliation continuelle de certaines ONGs étrangères. Ce fond sera inscrit dans la loi des finances, voté par le parlement et contrôlé par les Institutions Supérieures de Contrôle. Un criterium sévère sera établi pour l’octroi des subventions étatiques. Si la vision globale de la politique étrangère, de la politique de la coopération et de l’aide publique au développement s’inscrit dans le moyen et long termes, l’appui aux ONGs congolaises s’inscrit dans l’urgence. Dans l’immédiat, nous en appelons à la création d’une Commission mixte Gouvernement – Société civile congolaise, pour démarrer les travaux d’une étude de faisabilité de la création de l’agence et de sa mise en place et de son fonctionnement dans les mois qui viennent. Le fond société civile devrait figurer dans le prochain collectif budgétaire. 1.3 L’aide occidentale matérielle, financière et humaine au développement
La politique de coopération future entre la RDC et ses partenaires doit être axée sur les points fondamentaux suivants :
signature des accords qu’avec des pays amis et dont les grandes lignes politiques et économiques soient compatibles avec celles de la RDC ;
s’engager fermement dans des accords sur des visions du développement complémentaires entre la RDC et le pays donateur ;
s’engager mutuellement à respecter la clause fondamentale liée au respect des droits de l’homme ;
ne pas s’engager dans des accords préférentiels de pays à pays, chaque pays devant être traité sur un pied d’égalité ;
ne s’engager dans des projets que si la RDC sera en mesure de poursuivre le financement des charges récurrentes après la fin du financement extérieur ;
la RDC doit s’engager à couvrir au moins les salaires de la main d’œuvre autochtone, et en général les salaires locaux, en monnaie locale, et ce pour responsabiliser les bénéficiaires au niveau local, régional et national.
Les choix politiques de la coopération doivent être orientés selon les secteurs prioritaires suivants : 5
favoriser dans le domaine de la coopération internationale, comme d’ailleurs dans toutes les formes de développement, un équilibre dans la répartition des projets selon les différentes régions du pays ;
favoriser des projets de coopération visant à assurer l’auto-suffisance alimentaire du pays ;
les projets agricoles auront la priorité absolue en ce sens qu’ils doivent s’adresser et bénéficier à des paysans et non à des entreprises à vocation purement commerciale, et projets agro-alimentaires (ces derniers projets doivent être financés dans le cadre d’accords commerciaux d’Etat à Etat) ;
favoriser des projets de développement en milieu rural destiné à promouvoir des revenus aux paysans (artisanat, produits agricoles, etc…) pour améliorer les conditions de vie des plus défavorisés (les femmes, les villageois pauvres,…), et pour lutter contre l’exode rural ;
favoriser les projets visant à améliorer les possibilités de commercialisation des produits des paysans, et à leur propre bénéfice (et non pour alimenter les circuits classiques de commercialisation via les spéculateurs et les commerçantstransporteurs) ;
au niveau des projets de développement liés à l’enseignement et à la formation, seuls les projets de formation technique proprement dite pourront recevoir la priorité. Le terme « technique » doit être entendu dans le sens de formation technique de niveau moyen : apprentissage de métiers manuels, de technicité moyenne. Les projets d’aide à l’enseignement primaire, à l’alphabétisation, à l’enseignement secondaire et universitaire à dominante littéraire doivent être exclus de la coopération au développement ;
les accords de coopération seront plus axés sur des dons de matériel d’équipement que sur des salaires de formateurs proprement dits (le know how existe en RDC dans une très grande mesure), encore que, dans certains domaines, il puisse être nécessaire de prévoir des salaires d’enseignants à charge du pays donateur ;
seuls des niveaux de formation particuliers de haute technicité pourront être assurés par le pays donateur au niveau de bourses d’études dans les pays étrangers ;
les projets d’information au niveau des populations rurales et urbaines défavorisées recevront une priorité égale aux projets agricoles (radio libre,…) ;
les projets de santé ne doivent pas être prioritaires au niveau de la coopération bilatérale. Ils peuvent être financés dans le cadre des conventions multilatérales (OMS,…) ;
seuls, des projets de santé à petite échelle au niveau rural (soins de santé primaires, dispensaires de brousse ou de quartiers urbains défavorisés,…) peuvent être pris en charge par la coopération bilatérale. Une fois encore, les projets d’aide en équipements et en médicaments sont infiniment plus nécessaires que ceux en personnel médical ; ce personnel existe en RDC ou est mobilisable depuis l’étranger (retour des réfugiés éduqués) ; 6
en aucun cas, les projets de coopération ne doivent prendre en charge les salaires du personnel local à tous les niveaux. Ceux-ci doivent rester intégralement à la charge de la RDC, d’une part pour intéresser réellement le pays bénéficiaire à l’aide offerte, d’autre part pour permettre la reprise par la RDC du projet au terme du financement étranger.
Les projets de construction d’infrastructures sont la base du développement futur de la RDC, cependant leur financement ne doit pas être pris en charge par l’aide et la coopération internationale, pour deux raisons essentielles : les besoins en équipements lourds doivent être couverts par l’achat par le gouvernement congolais à des taux d’intérêts préférentiels grâce à des prêts d’Etat à Etat. De plus, la majorité de ces équipements existent en RDC ; et les besoins se situent surtout au niveau des pièces de rechange et du carburant. Ces accords de financement peuvent également entrer dans le cadre des crédits provenant des institutions existantes d’aide multilatérale (article 953 de la Convention de Rome des communautés économiques européennes) ; l’entretien des routes nationales, régionales et de desserte agricole doit être assuré par des cantonniers (avec en moyenne un cantonnier par kilomètre de route, voire deux ou même trois sur les routes à fort trafic). Ces derniers doivent être pourvus d’un équipement minimum (1 brouette, 1 pelle, 1 pioche, 1 paire de gants) qui peut rentrer dans le cadre d’un financement global spécial auprès des bailleurs de fonds traditionnels. Les salaires des cantonniers, comme d’ailleurs de tout le personnel local, doivent être pris en charge par le gouvernement congolais. Ces cantonniers seront insérés dans les unités d’entretien et de réfection des routes (UDR) ;
la RDC ne doit pas s’engager dans des projets d’équipements en infrastructures et en moyens de communications (ferroviaires, aériens, fluviaux, routiers, téléphoniques, etc…) par le financement de la coopération internationale. Le financement de ces investissements nécessaires doit être trouvé par le concours d’institutions multilatérales, ou par des prêts d’Etat à Etat et par des emprunts à faible taux d’intérêts. Les contacts : (+243) 897 580 434 823 007 510 826 801 954